BillyBoy*, Schiaparelli & Warhol
Portrait de l'ultime Neo Nature Boy
par Paige Powell
C'est à New York, vers 1985 que j'ai fait la connaissance de BillyBoy* qui m'a été présenté par Andy Warhol, mon patron, et tout naturellement, je suis tombée sous le charme de ce personnage exotique, romantique et exquis.
C'est BilyBoy* qui a eu l'idée de génie de dire à Andy de faire le portrait de la poupée Barbie, et c'est pourquoi il s'est retrouvé à notre bureau, plus connu sous le terme de «Factory».
On s'est mis à passer pas mal de temps ensemble, à se balader en ville dans sa propre limousine ou dans celle mise à sa disposition par Mattel, avec le poète/ artiste René Ricard et Andy, d'autre fois dans la voiture avec chauffeur de Stuart Pivar, en route pour L'Odeon, Mr Chows ou des marchés aux puces sur le West Side, des salons d'antiquaires à l'Armory ou encore jusqu'à Harlem pour visiter le musée de la poupée dans une ancienne maison de ville et déjeuner à LaFamille, un bar/restaurant jazz, avant de filer au Beverly Hills bar ou au Lenox Lounge.
J'observais tranquillement BillyBoy*, ses élégants gestes de la main, ses poignets ornés de bracelets Schiaparelli en pierres facettées, ses costumes parisiens parfaitement coupés et parfois un chapeau d'une allure folle.
Toujours sublime avec une touche à la Dorothy Parker, une posture parfaite, de belles manières, un sens de la conversation étudié et une curiosité vorace pour absolument tout. Je dis bien tout.
BillyBoy* est un fin connaisseur de tout ce qui est visuellement superbe, avec un goût particulier pour ce qui est extravagant. Son sens de l'humour tous azimuts voit charme et beauté pratiquement partout. Il trouvera toujours quelque chose de fascinant dans les objets les plus banals; iradiant l'optimisme et la volonté de se distraire par la plus pluvieuse des journées.
Je suis allée avec Andy au dévoilage de la peinture de la poupée Barbie appelée "Portrait de BillyBoy*". C'était dans un grand espace commercial sur une jetée dans le Westside, avec des hommes d'affaires en costume trois pièces qui couraient de tous les cotés et un podium surélevé sur une petite scène avec un microphone. A coté de Andy se tenait BillyBoy,* portant un pyjama de soie à effet marbré et une tonne de bijoux Schiaparelli, abondamment arrosé de «Shocking", son parfum fétiche.
L'événement eut toute la tension dramatique et scénique d'un lever de voile lorsque le foulard noir qui couvrait la toile fut retiré par Andy pour révéler ce tableau exceptionnel, sous un tonnerre d'applaudissements. Et tout cela grâce à BillyBoy * et à son imagination splendide.
Andy était totalement excité par le projet Barbie et adorait BillyBoy* dont admirait le talent et appréciait la compagnie, toujours si drôle. Andy aimer beaucoup trainer avec lui dans les brocantes et marchés au puces.
Son flair unique, sa compréhension innée de la folie et de la psychologie humaines et de tous ses sous-produits placent d'emblée BillyBoy* sur le piédestal de l'ultime Neo-Nature Boy.
C'est grâce à l'envoûtante et persuasive influence de BillyBoy * que cinq ans plus tard, j'ai commencé à collectionner Elsa Schiaparelli et que je me trouve aujourd'hui en possession d'une jolie petite collection. A ceux et celles admirant les parures de joyaux Schiaparelli à mes oreilles, cou, et poignets et les broches sur le revers des manteaux qui me demandaient à chaque fois comment j'étais devenue accro à Schiaparelli je répondais "C'est grâce à BillyBoy*». Un regard perplexe ne pouvait manquer de leur échapper, sauf si j'avais affaire à des connaisseurs éclairés en matière de haute bijouterie fantaisie.
Comme si cela ne suffisait pas que BillyBoy * à lui seul soit une oeuvre d'art ambulante, je découvris bientôt qu'il concevait des bijoux incroyables et à tomber par terre, qu'il appelait ses Surreal Bijoux.
Chaque pièce d'un dessin totalement original relève de la plus pure fantaisie, avec un je ne sais quoi de Dada, de Schiaparelli ou de Fellini. Ma première collection de bijoux a véritablement commencé avec BillyBoy *, puis se développa avec quelques pièces spéciales de Sephen Sprouse, puis de Ted Muehling et ensuite avec Schiaparelli, CIS, Coppola e Toppo, deux pièces du Chanel du tout début, Haskell, Balenciaga et Napier. Plus c'était fou et absurde, plus j'aimais.
Mes collections ne sont pas rangées dans des boîtes à bijoux poussiéreuses parce que je n'en n'ai qu'une seule, en velours rose Schiaparelli; presque tous les jours je porte des pierres précieuses en y mélangeant BillyBoy* avec CIS, je superpose des couches mêlant Schiaparelli, SIS et MimiN. J'aime aussi beaucouple mélange "puttanesca".
C'est tellement rassurant de se réveiller le matin et de se demander comment je vais pouvoir me sentir d'humeur plus joyeuse et de me rendre compte qu'un chapeau Schiaparelli, en velours turquoise écrasé parsemé de faux diamants, tout simple et glamour à la fois, fera l'affaire. Ou une mini robe day-glo de Sprouse et un collier Coppola e Toppo, orange et jaune flamboyant, conçu pour Emillio Pucci à la fin des années 60. Même une parka couleur Ginko de Patagonie devient chic avec un collier Schiaparelli en pierres facettées vert émeraude.
Depuis que je suis devenue pratiquement végétarienne et que je porte presque toujours de la soie et du cachemire j'adore le fait que mes créateurs de bijoux préférés utilisent rarement, voire pas du tout, de vraies perles. Je deviens folle pour ces énormes fausses perles des mers du Sud et plus elles sont grosses, mieux c'est. Ou un bracelet Schiaparelli avec des pierres taillées en faux rubis pierres énormes dans des propositions dignes d'Alice au Pays des Merveilles.
J'aimer mélanger Nicole pour JC Penney avec la haute couture de Courrèges et Isaac Mizrahi pour Target fait des merveilles avec avec un pull Schiaparelli.
J'aime associer à Schiaparelli mes créateurs préférés qui sont Stephen Sprouse, Balenciaga, Courrèges, Isabel Toledo, Jean Paul Gaultier, Comme Des Garçons, Prada (sans fourrure), As Three (précédemment As Four), Issey Miyake, Nicole Miller, Marc Jacobs, Hermès, Agnès B, Patou, Vivienne Tam, Geoffrey Beene, Scott Crolla, Patagonie, Alexander McQueen, Zac Posen, Vivienne Westwood.
Les femmes que j'admire le plus pour le style et la beauté sont Alba Clemente, Isabel Toledo, Diane Vreeland et Tina Chow: elles adoraient toutes Schiaparelli, surtout Diana et Tina. Pour le style le plus excentrique et la beauté n'y a qu'une seule: Tama Janowitz. Elle accompagna souvent BillyBoy*, lui-même accessoirement en chapeau et bijoux Schiaparelli, à des salons du livre à Washington et à New York.
Son allure majestueuse et sa peau de porcelaine, son corps svelte, ses traits délicats et son comportement affable sont pour moi la quintessence de Little Lord Fauntleroy. Lorsque j'ai appris récemment qu'il vivait désormais en Suisse, réellement dans un château, rempli à ras bord avec Schiaparellis, toujours avec Lala, le partenaire de sa vie, cela transforme véritablement la fiction en non-fiction.
Paige Powell , 2005
(traduit de l'anglais par Lala J.P Lestrade)